La dernière interview // Jean Genet - Catherine Boskowitz - Dieudonné Niangouna // 2010

La dernière interview // Jean Genet – Catherine Boskowitz – Dieudonné Niangouna // 2010

Un dialogue imaginaire entre Dieudonné Niangouna et Jean Genet // Conception & mise en scène Catherine Boskowitz // Scenographie Jc Lanquetin // Création son Benoist Bouvot // Création lumière Laurent Vergnaud // Vidéo Jonathan Debrouwer // Création le 26 nov 2010 à Confluences, Paris // Puis Limoges [Francophonies], tournée dans 12 villes du continent africain et reprise à la Maison des Métallos, Paris.

Catherine Boskowitz – Voir ici pour plus d’infos.

« A partir de la lecture de la dernière interview de Jean Genet (donnée à la BBC en 1985), j’ai demandé à Dieudonné Niangouna écrivain et acteur aujourd’hui d’inventer avec moi un dialogue imaginaire entre lui et l’auteur de Quatre heures à Chatila. « Ma démarche à la société est oblique. » affirmait Jean Genet. Une démarche oblique, issue sans doute de sa révolte profonde contre l’ordre établi, mais aussi de cette exigence de perfection qui, derrière la provocation et le scandale, le porte à une sorte de vénération de l’écriture, à travers la recherche de la beauté et de la puissance du mot. C’est l’endroit où Dieudonné Niangouna rencontre Jean Genet aujourd’hui. En meneur de jeu, il écrira oralement cette rencontre … questionnant sans cesse la fonction de celui qui interroge et de celui qui répond… Ce dialogue sera un étrange moment de théâtre où Niangouna devient lui-même personnage – ou personnageS – de cette rencontre imaginaire. Entre les deux auteurs prendra naissance sur le plateau une forme théâtrale comme une danse… Danser sur les morts… « 

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« From reading Jean Genet’s last interview (given to the BBC in 1985), I asked Dieudonné Niangouna writer and actor today to invent with me an imaginary dialogue between him and the author of Four hours in Chatila. « My approach to society is oblique. » Affirmed Jean Genet. An oblique approach, undoubtedly the result of his deep revolt against the established order, but also of this demand for perfection which, behind the provocation and the scandal, leads him to a sort of veneration of writing, through the search for the beauty and power of the word. This is the place where Dieudonné Niangouna meets Jean Genet today. As a playmaker, he will write this meeting orally … constantly questioning the function of the one who questions and of the one who answers … This dialogue will be a strange moment of theater where Niangouna himself becomes a character – or characters – of this imaginary meeting. two authors will be born on the stage a theatrical form like a dance … Dancing on the dead … « 

Images de la performance et de la tournée : Paris (Confluences & Métallos), Limoges, Niamey, Ouagadougou, Brazzaville, Kinshasa, Zinder, Dakar, Libreville, Lubumbashi, Bamako… (images Catherine Boskowitz & Jc Lanquetin):

L’espace est basiquement celui d’une interview tv. En même temps, il n’est pas frontal, pas de face à face, mais un espace tout en proximité, permettant le dialogue, le débat. Ce principe bi-frontal permet à Dieudonné Niangouna de ne jamais être là où on l’attend, soit dans le champ-cadre de la caméra, face aux spectateurs. Constamment il s’échappe. De multiples indications vont dans ce sens dans les textes de Genet. Par exemple : ‘ma démarche par rapport à la société est oblique’. Et, page 81 dans Un Captif Amoureux :

« Sur le point de monter en voiture – nous étions au siège du parti du Bronx – je dis à David Hilliard (Leader des Black Panthers) :

– Tu viens avec nous ?

Il sourit un peu, dit non, et prononça un commentaire qui me parut énigmatique :

– Il y a encore trop d’arbres.

Je partis avec Zaïd et Nappier. Durant le voyage en auto cette phrase : « il y a encore trop d’arbres » ne cessait d’aller et venir dans ma pensée. Ainsi encore maintenant pour un noir d’à peine trente ans un arbre ce n’est pas ce qu’il est pour un Blanc, une fête de feuillage, d’oiseaux, de nids, de coeurs gravés et de noms entrelacés : c’était un gibet. La vue d’un arbre ramenant une terreur pas très ancienne séchait la bouche, rendait presque inutiles les cordes vocales : enfourchant la poutre maîtresse, un Blanc tenait la corde où la boucle était déjà faite, c’est d’abord ce que voyait le nègre qu’on allait lyncher, et ce qui nous sépare des Noirs aujourd’hui c’est moins la couleur de la peau ou la forme des cheveux, que ce psychisme parcouru de hantises que nous ne connaîtrons jamais, sauf quand un Noir, sur un mode à la fois humoristique et secret prononce une phrase qui nous paraît énigmatique.« 

Je connecte ce fragment avec le livre Without Sanctuary [Twin Palms 2004], qui document les pratiques de pendaison de noirs aux USA au début du XXème siècle, et l’édition de cartes postales de ces ‘événements’. Durant la performance, sur un écran ‘brisé’ fait de quatre planches de bois, l’image d’une forêt apparaît, lentement, et soudain, dans un flash, nous voyons un corps pendu.

Le projet devait tourner facilement, notamment sur le continent africain. Ce qui veut dire la possibilité de le reconstruire à chaque fois, et de créer une scène avec quelques éléments : chaises, tapis jaune, 4 plaques de bois et un contexte.

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The space is basically the one of a tv interview. At the same time, a non frontal space, no face to face, but a space of proximity, for dialog, debate. The bi frontal principle allows DN to constantly not be where he is expected to: means in the frame of the camera, in front of people. Constantly he escapes. Multiple indications about this in Genet’s writings. For instance, « my approach with society is slanted. And, page 81 in Un Captif amoureux: [scroll up for text in French].

I connect this fragment with a book Without sanctuary, (Twin palms 2004), documenting the practice of hanging black people in Us at the beg of the 20th century, and editing postcards of these ‘events’. During the performance, on a ‘brocken’ screen made of four white wood panels, the image of a forest appears slowly, and suddenly, in a flash, we see the hanged body.

The project had to tour very easily overseas, means being rebuilt each time, and create a stage with just a few elements: chairs, yellow carpet, 4 panels of wood, in a context.

Dessins de recherche et documents.